Massacre de Christchurch – le terrorisme d'extrême droite et la barbarie grandissante de la société capitaliste

L’attaque barbare sur deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, par un terroriste fasciste – qui a tiré indistinctement sur des hommes, des femmes et des enfants, en tuant 50 et en blessant beaucoup d’autres, tout en diffusant en direct ses gestes sanguinaires – se produit dans un contexte de crise économique qui s’approfondit et de tensions politiques et sociales accrues à travers le monde. Chaque personne avec un minimum de décence humaine condamne cette attaque avec raison, mais il faut se demander : pourquoi de tels actes de terrorisme surviennent-ils, et que pouvons-nous faire pour mettre fin à une telle barbarie?

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Le terroriste qui a mené cette attaque, Brenton Tarrant, est un fasciste suprémaciste blanc australien de 28 ans. Juste avant l’attaque, il a publié sur Twitter un manifeste délirant de 73 pages dans lequel il prétend se battre pour l’avenir des Blancs et affirme son intention de créer une « atmosphère de peur » pour « inciter à la violence » envers les musulmans en général. Toute l’attaque a été conçue afin de promouvoir l’idéologie d’extrême droite suprémaciste blanche. Il y a en effet une petite frange de fascistes qui grandit et commence à entrer en activité. Ce sont ces gens qui applaudissent l’attaque de Christchurch.

Qui influence la pensée de ces fascistes déjantés? En réponse à sa propre question, « Y a-t-il quelqu’un qui t’as particulièrement radicalisé? », Tarrant répond, « Oui, la personne qui m’a le plus influencé est avant tout Candace Owens… » Candace Owens est une commentatrice américaine très réactionnaire qui s’est fait connaître récemment pour avoir dit : « Vous savez, Hitler était un national-socialiste, mais si Hitler avait seulement souhaité redonner à l’Allemagne sa grandeur et bien gérer les choses, OK, d’accord… Le problème est qu’il souhaitait… ses rêves dépassaient les frontières de l’Allemagne. » Owens est une des figures dirigeantes de Turning Point USA, un groupe de pression conservateur, qui défend un programme ouvertement réactionnaire.

Tarrant avait, en fait, l’habitude de publier de la propagande d’extrême droite sur les réseaux sociaux et a été fortement influencé par des politiciens et commentateurs bourgeois avançant un message islamophobe anti-immigrants. Il admire Trump, le qualifiant de « symbole de renouvellement de l’identité blanche ». Trump s’est plaint que des gens l’aient tenu responsable de l’attaque. Il serait bien sûr ridicule de prétendre que Trump en est directement responsable, mais il est vrai que, avec son message anti-immigration, ses discours sur la nécessité de construire un mur pour protéger les États-Unis, ses mesures pour empêcher la venue de ressortissants de pays musulmans, etc., il a contribué a enflammé les sentiments islamophobes. C’est dans ce contexte que les Brenton Tarrant de ce monde se sentent encouragés à passer à l’acte.

En fait, les médias de masse et de nombreux politiciens occidentaux poussent de hauts cris à propos du fondamentalisme islamique, alors que le terrorisme des suprémacistes blancs connaît une recrudescence. Par exemple, en 2017 aux États-Unis, sur 65 attaques terroristes, 36 provenaient de la droite, 10 provenaient de la gauche, et sept provenaient du terrorisme islamique. Bien que cela n’indique d’aucune façon la montée d’un mouvement fasciste de masse, cela révèle un processus qu’on peut constater partout en Occident, par lequel les politiciens de droite, avec l’aide des médias, accusent de plus en plus les musulmans pour le déclin des conditions de vie de la classe ouvrière.

Brenton Tarrant vit en Australie, où un environnement hostile envers les immigrants a été attisé au cours de la dernière période. Comme le Guardian le faisait remarquer l’an dernier, en parlant de la situation en Australie :

« Publiquement, le débat à propos de l’immigration demeure rarement à l’intérieur des limites étroites du nombre ou de l’origine des personnes qui souhaitent venir vivre en Australie. Plutôt, il déborde, avec de plus en plus d’acrimonie, sur tous les domaines du débat public : sur la question de la congestion routière ou du prix des logements, sur la disponibilité des ressources comme la terre et l’eau, sur des débats sociaux à propos de l’intégration, de la religion et de la place de l’anglais en tant que principale langue parlée en Australie. » (The Guardian, 23 mars 2018)

Ainsi, tout devient de la faute des immigrants en général, et des musulmans en particulier. Les nouveaux arrivants peuvent facilement être blâmés pour les pénuries vécues par la population « pure laine » en raison de la crise du capitalisme et des politiques d’austérité imposées par la classe dirigeante.

Par exemple, le sénateur australien Fraser Anning a demandé l’an dernier « de permettre aux Australiens de décider s’ils souhaitent bannir entièrement les immigrants non anglophones venus du tiers-monde, et particulièrement s’ils veulent accueillir des musulmans ». Il a donné de nombreux discours affirmant que les immigrants devraient être renvoyés dans leur pays d’origine, qu’ils dépendent de l’aide sociale, et qu’ils coûtent beaucoup d’argent aux contribuables australiens. Anning a déjà fait partie du parti d’extrême droite One Nation, après quoi il s’est joint au Katter’s Australia Party, duquel il a plus tard été expulsé. Plus tôt cette année, il a participé à un rassemblement d’extrême droite à St. Kilda, où des néo-nazis étaient aussi présents. Il s’est ouvertement associé à des idées d’extrême droite et racistes.

C’est dans un tel contexte que des groupes ouvertement fascistes et nazis peuvent propager leurs idées. Fraser Anning s’est aussi particulièrement couvert d’ignominie lorsqu’il a déclaré peu après l’attaque de Christchurch : « Ce que cela souligne, c’est la peur grandissante dans notre communauté, en Australie et en Nouvelle-Zélande, de la présence accrue des musulmans. » « La cause réelle de l’effusion de sang dans les rues de la Nouvelle-Zélande aujourd’hui », a-t-il ajouté, « est le programme d’immigration qui a permis à des fanatiques musulmans d’immigrer en Nouvelle-Zélande en premier lieu. » Et comme si ce n’était pas suffisant, il a aussi soutenu que bien que les musulmans « aient peut-être été les victimes aujourd’hui, ce sont habituellement eux les coupables ». Cela revient à excuser ce crime barbare, et à un appel aux fanatiques d’extrême droite à mener des attaques similaires.

L’extrême droite, et les politiciens bourgeois qui répètent son message, jettent le blâme pour la crise actuelle sur les immigrants plutôt que sur le système capitaliste – un système qui ne profite qu’à une minorité et place la majorité dans la pauvreté. Dans ce contexte, le fondamentalisme islamique est utilisé comme moyen d’alimenter l’islamophobie. Il va sans dire que le fondamentalisme islamique est réactionnaire, mais nous ne devrions pas oublier ce sont les impérialistes occidentaux qui l’ont financé et encouragé pendant des décennies.

Les racistes, fascistes et néo-nazis de l’extrême droite se servent du terrorisme fondamentaliste islamique pour dépeindre tous les musulmans comme des terroristes potentiels. Sous ce prétexte, des attaques comme celle de la mosquée de Québec en janvier 2017, où six personnes ont perdu la vie et 19 autres ont été blessées, ou le récent attentat de Christchurch, sont présentées comme faisant partie d’une guerre juste pour défendre la culture « blanche ».

Dans ce conflit entre terroristes islamistes et fascistes, les deux côtés sont barbares, et ceux qui en souffrent sont les musulmans et non-musulmans ordinaires, les travailleurs chrétiens, juifs, hindous, et ainsi de suite, qui ne souhaitent que mener leur vie en paix. Ce conflit n’offre de solution à aucun travailleur, quel que soit son pays d’origine.

La classe capitaliste a intérêt à utiliser tous les moyens nécessaires pour garder les travailleurs divisés. S’il faut pour cela du chaos et des effusions de sang, elle n’hésitera pas à encourager, ou du moins à tolérer toute cette violence.

La seule force capable de mettre fin à cette situation est la classe ouvrière organisée. À travers leurs luttes communes contre la diminution de leurs conditions de vie, les travailleurs de différents pays et origines ethniques découvrent qu’ils ont des intérêts communs.

Des événements comme le massacre de Christchurch font aussi ressortir la solidarité naturelle qui règne chez les travailleurs ordinaires. En Nouvelle-Zélande, il y a eu un déferlement de solidarité venant de toutes les communautés avec les victimes du massacre, et plus de 6 millions de dollars néo-zélandais ont été recueillis sur les sites Web de charité. Des élèves se sont réunis en grands nombres autour de Christchurch pour danser le Haka en hommage aux victimes de l’attentat. Ces exemples révèlent la sincère solidarité qui règne chez les travailleurs.

L’unité de la classe ouvrière signifie l’unité contre le vrai ennemi : la classe dirigeante, capitaliste, de tous les pays, qui fait ses profits pendant qu’elle fomente les divisions entre les gens ordinaires. L’unité de la classe ouvrière signifie l’unité de tous les travailleurs, sans égard à leurs croyances religieuses, leur langue, la couleur de leur peau, en opposition au système qui se fonde sur la maximisation des profits de la minorité.

Les travailleurs du monde entier souhaitent un monde où leurs enfants peuvent grandir dans un environnement sain et sécuritaire. Un tel monde ne peut être atteint que par la transformation socialiste de la société, dans laquelle les travailleurs qui produisent la richesse auront le contrôle de toutes les ressources et de leur utilisation. Quand la pauvreté et le manque auront été éradiqués, le fondement matériel des conflits religieux et ethniques le sera aussi.