Écoblanchiment et investissement durable : pourquoi le capitalisme ne peut pas résoudre la crise climatique

S’adressant au G7 le mois dernier, Boris Johnson a exhorté les autres dirigeants du monde à s’unir et à « reconstruire en mieux ».


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Cette exhortation a marqué le lancement du partenariat « Build Back Better World » (B3W) : un projet lancé par l’administration Biden, et soutenu par les gouvernements du G7, pour canaliser les capitaux privés vers des projets liés au climat, à la santé, aux technologies numériques et à l’égalité des sexes dans les pays en développement.

Les politiciens et les entreprises comprennent qu’il est politiquement avantageux de donner l’impression d’agir sur les questions brûlantes comme le changement climatique et les inégalités sociales.

En réalité, cependant, les projets comme l’initiative B3W sont extrêmement cyniques. Derrière la façade superficielle de souci environnemental et les mots à la mode comme « éthique » et « empowerment », se cachent les mêmes vieux intérêts des grandes entreprises et les mêmes magouilles impérialistes.

Pendant ce temps, les entreprises et les gouvernements capitalistes ne font absolument rien pour véritablement éviter la crise climatique. Après tout, c’est précisément leur système – le capitalisme – qui est responsable de la catastrophe environnementale à laquelle notre planète est confrontée.

Intérêts impérialistes

Ce dernier exemple relève de l’« écoblanchiment » : un phénomène de plus en plus répandu, qui consiste pour les principaux responsables du changement climatique à consacrer énormément de temps et d’argent à se présenter comme respectueux de l’environnement, plutôt qu’à mettre un terme à leurs activités extractives et destructrices.

Dans le cas de B3W, l’arrière-pensée du G7 est claire. Cette initiative ne vise pas à soutenir les pays en développement et à investir dans une véritable protection contre le changement climatique.

Au lieu de cela, l’impérialisme américain et ses alliés cherchent à créer un contrepoids à l’initiative chinoise « Belt and Road », à protéger les intérêts de l’impérialisme occidental contre l’expansion de la sphère d’influence de la Chine, tout en faisant croire qu’ils agissent contre le changement climatique.

En fait, entre janvier 2020 et mars 2021, les pays du G7 ont investi 189 milliards de dollars dans les combustibles fossiles – des milliards de plus qu’ils n’ont investi dans les autres sources d’énergie.

L’engagement à « reconstruire en mieux » est un mensonge superficiel; ce n’est rien de plus qu’un écran de fumée pour leur soutien continu au comportement criminel des banquiers, des patrons et des milliardaires qui sont responsables de la grande majorité des émissions et qui s’enrichissent par le vandalisme environnemental.

Criminels climatiques

Les autres exemples d’écoblanchiment ne manquent pas.

Shell parraine actuellement l’exposition « Our Future Planet » au Science Museum de Londres, une exposition consacrée aux solutions à la crise climatique. Shell est tristement célèbre pour sa complicité dans des violations des droits de la personne, pour ses marées noires et pour son lobbying climato-sceptique.

Ailleurs, ExxonMobil dépense des millions pour annoncer son engagement à développer la technologie de capture et de stockage du carbone. Mais en 2019, elle a capturé moins de 2% de ses émissions de carbone. Et entre 2010 et 2018, le géant des combustibles fossiles a consacré moins de 0,2% de ses dépenses d’investissement aux technologies à faible teneur en carbone.

Et la liste pourrait se poursuivre encore longtemps…

Investissements « éthiques »

À plus grande échelle, l’année dernière, nous avons assisté à l’ascension fulgurante des fonds dits ESG (environnement, social et gouvernance) : des véhicules d’investissement qui se présentent comme éthiques, durables, socialement responsables et axés sur les valeurs.

Malgré les turbulences du marché de l’année dernière, ces fonds ont connu une croissance rapide. Un montant record de 1700 milliards de dollars est désormais détenu dans des fonds ESG, ce qui représente une augmentation de 50% par rapport à l’année dernière.

Face à cette situation, des gestionnaires d’actifs ont rebaptisé leurs portefeuilles « fonds ESG » afin d’attirer davantage d’investissements. Bien entendu, cela ne s’est pas accompagné d’une amélioration de la durabilité des activités menées par les entreprises représentées dans ces fonds.

Suivant cette tendance, le géant américain de la gestion d’investissements BlackRock – pressé de paraître plus soucieux de l’environnement – a lancé en avril le fonds négocié en bourse Carbon Transition Readiness. Le jour de son lancement, ce fonds a reçu un investissement record de 1,25 milliard de dollars.

Selon BlackRock, ce fonds dirigera ses capitaux vers des entreprises ayant un solide bilan environnemental et social. En réalité, il investit dans de grands pollueurs tels que Chevron, ExxonMobil et Amazon. Par exemple, les activités d’Amazon ont été responsables de 51,17 millions de tonnes métriques de dioxyde de carbone atmosphérique en 2019, une production équivalente à celle de certains pays.

L’objectif de ces fonds est de fournir une façade aux investisseurs pour qu’ils continuent à injecter leur argent dans des industries polluantes très rentables, ce qui constitue un investissement bien moins risqué que les énergies propres.

La vision à court terme inhérente au système capitaliste axé sur le profit nous a conduits à une situation où la meilleure option pour la classe capitaliste – lorsqu’elle est confrontée aux conséquences potentiellement apocalyptiques de ses propres actions – est de construire un édifice vert derrière lequel se cacher, tout en accélérant ses investissements dans les industries polluantes dans une tentative désespérée de rester en tête de ses concurrents.

Destruction capitaliste

Il est vrai que les investissements dans des solutions de remplacement plus propres atteignent aujourd’hui un certain niveau et qu’ils augmentent régulièrement, même s’ils sont toujours éclipsés par les investissements dans les combustibles fossiles.

Mais l’écoblanchiment joue également un rôle pernicieux dans cette industrie : il sert à camoufler les activités d’exploitation des entreprises du secteur des énergies renouvelables, ce qui prouve une fois de plus que le marché ne peut apporter aucune solution réelle à la crise climatique.

L’essor de la bulle ESG, par exemple, a entraîné une hausse de la concurrence pour le contrôle des matières premières, telles que celles nécessaires à la production de piles, indispensables aux voitures électriques et au stockage des énergies renouvelables.

Mais ces ressources naturelles sont situées dans des zones géographiquement concentrées. Cela a conduit à une course pour le contrôle des chaînes d’approvisionnement en minerais, provoquant de nouveaux affrontements entre les États-Unis et la Chine, qualifiés par certains de « nouvelle guerre froide ».

Le lithium est l’un de ces minéraux, et la plupart des réserves mondiales de lithium se trouvent sous le désert d’Atacama, au Chili.

Les pratiques minières des multinationales SQM et Albemarle dans le désert d’Atacama entraînent toutefois l’épuisement des ressources en eau douce, la contamination de l’eau et du sol, la dépossession des populations autochtones de leurs terres, des violations des droits de la personne et des problèmes de santé.

Les prix du lithium ont plus que doublé au cours de l’année dernière. Parallèlement, la demande en ressources telles que le cuivre et le cobalt est également en hausse. Par conséquent, cette destruction écologique et sociale ne fera que s’étendre, à mesure que les sociétés minières motivées par le profit chercheront à exploiter de nouveaux marchés.

En bref, sous le capitalisme, même les énergies renouvelables ne sont pas durables.

Solution socialiste

Tout cela est fait au nom de l’énergie propre. Mais bien qu’elles puissent sembler plus « éthiques », les énergies renouvelables, sous le capitalisme, sont entachées de la même brutalité et de la même exploitation que les combustibles fossiles.

Ce sera toujours le cas, tant que les moyens de production resteront entre des mains privées, gérées en fonction de la recherche du profit et de l’anarchie du capitalisme.

La planification économique socialiste est le seul moyen d’assurer une transition juste vers une énergie à faible émission de carbone et une production durable.

Si on laisse le marché s’en charger, l’évolution vers des solutions vertes ne sera jamais assez rapide, car les combustibles fossiles restent très rentables; la fabrication de technologies renouvelables sera marquée par des pratiques brutales fondées sur l’exploitation, la destruction et le profit; et les travailleurs des industries désuètes et polluantes seront jetés au chômage.

Si nous voulons réellement « reconstruire en mieux », nous devons transformer fondamentalement l’économie selon les principes socialistes : remplacer le chaos du capitalisme par un plan de production rationnel, durable et démocratique, basé sur la propriété publique des grands monopoles, sous le contrôle des travailleurs.

Ce n’est qu’alors que nous pourrons mettre fin à la façade de l’écoblanchiment et nous attaquer véritablement à la catastrophe climatique, afin de sauver notre planète pour le bien des générations futures.

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